Air Senegal International: 4eme DG en cinq ans


Par , le 24 Juin 2006

Le changement de tête ne risque pas de redorer le blason terni de la compagnie si des modifications profondes ne sont pas impulsées à la direction des choses au sein de la compagnie aérienne.




MohamedFattahi, l'ancien directeur commercial devenu Directeur général de AirSénégal international, va quitter ses fonctions à la tête de lacompagnie aérienne maroco-sénégalaise. Le Conseil d'administration, quiva se tenir le 28 juin prochain, va entériner une mesure prise depuislongtemps, par l'actionnaire majoritaire, la Royal Air Maroc (Ram). Ilse dit que Mohamed Fattahi sera remplacé à son poste par un anciencommandant de bord de Royal Air Maroc, par ailleurs, ancien pilote dufeu Roi Hassan 2, du nom de Mohamed Alaoui. Cette nomination ne faitque confirmer la prééminence donnée au personnel de Royal Air Marocquand il s'agit de nommer les responsables d'Asi.
MohamedFattahi avait pris fonctions comme Directeur général d'Air Sénégalinternational le 1er mars 2005, en remplacement de son compatrioteFarid Senhaji, qui venait de démissionner brutalement, «pour raisonspersonnelles». Mohamed Fattahi avait dû renoncer à un poste importantau siège de la Ram, pour suppléer au pied levé à la défection deSenhadji. Il lui revenait de redonner confiance à un personnel perturbépar une gestion hasardeuse, qui mettait en péril l'outil de travail.
Al'époque, la compagnie venait de connaître un sérieux revers avec leretrait de l'autorisation d'assurer les services de handling qu'elleopérait pour les compagnies sud-africaine South African Airways (Saa),Ram et bien d'autres encore. Le ministère du Tourisme et des Transportsaériens confiait ces tâches exclusivement aux deux compagnies demaintenance qui se partageaient la plate-forme aéroportuaire de LéopoldSédar Senghor. Asi, crée le 2 novembre 2000 à la suite d'un partenariatentre l'Etat sénégalais et la Ram, qui détient 51%, a subi un sérieuxchoc, avec ce manque à gagner de plus de 50 milliards de francs Cfa parmois.
Cettesituation a coïncidé avec des perturbations sérieuses dans lemanagement des vols, qui ont commencé à connaître des retards ou desannulations brutales, souvent sans explication aucune. Air Sénégalinternational qui, dans sa courte vie, venait d'être nommée deux annéesd'affilée, Meilleure compagnie aérienne d'Afrique, voyait se détournerde lui bon nombre de ses clients. Certains même prenaient l'initiativede rassemblements toutes les expressions de mécontentement de laclientèle sur un site web. Signe d'un ras-le-bol généralisé. Dans lemême temps, des mouvements internes, au niveau du personnel,signalaient des courants de frustration de plus en plus nettes. Anciende la maison, Fattahi, qui avait monté la compagnie aux côtés dupremier Dg, El Aoufir, partait avec un a priori favorable. Il n'a pasmis longtemps à décevoir.
Nonseulement ses relations avec tous les membres du personnel ne se sontpas améliorées, mais la clientèle non plus ne trouvait pas toujours soncompte dans la gestion de la compagnie. L'acquisition d'un aéronef toutneuf, à plus de trente milliards de francs Cfa, n'a pas réduit lesfréquences des retards ou d'annulation des vols. Malgré cela, avec uneflotte de moins de cinq avions, Asi voulait continuer son pland'expansion comme toute grande compagnie. Elle voulait se donner lesmoyens d'assurer la desserte de trois nouvelles lignes qu'elle venaitd'ouvrir, vers Accra, Madrid et Milan, tout en renforçant ses capacitésopérationnelles. Cette politique a connu son plus grand echec avec lacouverture aérienne du dernier pèlerinage à la Mecque, qui a tourné audésastre, avec de nombreux pèlerins laissés en rade à l'aller comme auretour. Au point que la presse a fait état d'une sèche mise en demeuredu ministre des Transports aériens au Directeur général, pour qu'ilréglât rapidement cette situation. A la plupart des reproches qui leursont adressés, les dirigeants de la compagnie rétorquaient, à justetitre, qu'ils privilégiaient la sécurité des passagers à la recherchedu profit.
Néanmoins,le départ de Fattahi risque de ne pas régler grand-chose si deschangements profonds ne sont pas engagés, dans la gestion du matérielet dans celle des ressources humaines. C'est cela qui devrait être levrai challenge de M. Alaoui

Source: Lequotidien.sn

Ingénieur de formation, fondateur de Aeronautique.ma média citoyen qui, par son contenu et sa… En savoir plus sur cet auteur
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