EADS: Lagardère ignorait les retards


Par AFP, le 18 Juin 2006

PARIS (AFP) - Arnaud Lagardère, co-président du conseil d'administration d'EADS, maison mère d'Airbus, n'avait pas été informé du retard pris dans le calendrier de livraisons de l'A380, et parle, dans un entretien au Monde publié jeudi, d'une "crise majeure" chez le groupe européen.


"Le conseil d'EADS a appris ces problèmes très récemment",affirme-t-il. "En mai (...) nous avons posé la question au patrond'Airbus Gustav Humbert et à ses équipes sur un retard éventuel duprogramme. Sa réponse a été: nous n'avons aucune information qui puissenous permettre de conclure qu'il y aura un décalage de livraisons",a-t-il ajouté.

Mercredi, l'action EADS s'est effondrée de 26% en Bourse, avec 5,5milliards d'euros de capitalisation partis en fumée, après l'annonce deretards de livraison de l'Airbus A380, qui devraient amputer lesbénéfices d'EADS de 2 milliards d'euros entre 2007 et 2010. "L'ampleurde la chute nous a surpris", a souligné M. Lagardère, qui juge qu'EADSet Airbus sont "face à une crise majeure".

En vendant massivement les titres d'EADS, les investisseurs ont d'aprèslui signifié "leur manque de confiance dans la capacité d'Airbus àmener à bien des projets très complexes". M. Lagardère affirme que sadécision annoncée début avril de vendre une part de 7,5% dans le géanteuropéen d'aéronautique et de défense avait été prise "à la rentrée2005" et n'était pas liée aux difficultés d'Airbus. "Aussi surprenantque cela puisse paraître, nous n'avions pas d'information",répète-t-il.

"Si nous avions été malhonnêtes ce n'est pas 7,5% du capital que nousaurions vendu, mais la totalité. J'ai le choix de passer pour quelqu'unde malhonnête ou d'incompétent, qui ne sait pas ce qui se passe dansses usines. J'assume cette deuxième version", poursuit-il. Lagardère etle groupe germano-américain DaimlerChrysler avaient annoncéconjointement le 4 avril qu'ils allaient céder chacun une participationde 7,5% dans EADS.

A la suite de cette opération, la participation de Lagardère dans legroupe européen est passée à 7,5%, et celle de DaimlerChrysler à 22,5%.L'Etat français est actionnaire d'EADS à hauteur de 15%. Concernant lesresponsabilités de chacun dans cette crise, "je ne veux pas surréagiret faire tomber les têtes pour faire plaisir au marché. La question estde savoir si le patron d'Airbus était au courant de la situation eninterne", souligne M. Lagardère.

"Il est possible que, vu la complexité du processus de fabrication,certaines équipes n'aient pas fait état de retard, espérant lecombler", avance-t-il, ajoutant qu'il n'est "pas question de fairepayer un lampiste". Interrogé sur son intention de maintenir saconfiance ou non à Noël Forgeard, le co-président d'EADS qui dirigeaitauparavant Airbus, M. Lagardère a répondu qu'il n'a "pas pour habitudede ne pas être solidaire de (ses) équipes" et que "c'est une discussion(qu'il) aura avec Manfred Bischoff, l'autre co-président du conseild'administration d'EADS.

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