Reports. Vingt ans (dont dix de retard) ont passé depuisle vol inaugural du Rafale. A l'origine, l'avion de combat devait êtreopérationnel en 1996. Mais le coût du programme (28 milliards horstaxes) était bien trop élevé pour le budget de la Défense. Les reportsont succédé aux retards. Sans compter quelques difficultés de mise aupoint de son électronique. Les aviateurs ne sont toutefois pas lespremiers à recevoir le Rafale, car, depuis juin 2004, l'avion estopérationnel au sein de l'aéronavale, où neuf appareils sontrégulièrement embarqués à bord du porte-avions Charles de Gaulle.
Premieravion de combat véritablement polyvalent, le Rafale remplaceraplusieurs appareils : les Crusader et Super Etendard de la marine, lesJaguar et Mirage F1 de l'armée de l'air, en attendant le retrait desMirage 2000, plus récents. Au total, le ministère de la Défense prévoitd'acquérir 294 Rafale, dont 260 pour l'armée de l'air et 60 pour lamarine. Sur les 120 appareils déjà commandés par l'Etat, seuls unetrentaine, sortis de l'usine de Mérignac (Gironde), ont été livrés auxarmées.
L'addition est de 28 milliards pour 294 avions. Ce quiporte le prix unitaire du Rafale, développement compris, à 95 millionsd'euros ! Une somme à laquelle il faut rajouter l'armement et 30 000euros par heure de vol... C'est horriblement cher, «mais moins que son concurrent européen, l'Eurofighter»,assure-t-on chez Dassault. En effet. Le National Audit Office (NAO)britannique l'équivalent de la Cour des comptes le reconnaît enfaisant la grimace : les 232 Eurofighter de la Royal Air Forcecoûteront 33 milliards d'euros : 50 % de plus que le Rafale ! Mêmeconstat en Allemagne, en Italie et en Espagne, les trois autres payspartenaires.
Concurrence. Contrairement à ce qui étaitpronostiqué lors du lancement du Rafale par le président Mitterrand, lechoix d'une solution franco-française s'est finalement avéré moinscoûteux pour le contribuable qu'un projet européen. Le Rafale etl'Eurofighter d'EADS sont concurrents à l'exportation. Sans grandsuccès, pour l'instant. Le Rafale n'a, en effet, toujours pas trouvé declient à l'étranger. Aux Pays-Bas, en Corée du Sud, à Singapour, il adû s'effacer devant la pression américaine. En Arabie Saoudite,l'Eurofighter semble tenir la corde. Ce qui était également le cas àAthènes, jusqu'à ce que le gouvernement grec remette le Rafale enpiste. Pour l'instant, les deux marchés les plus prometteurs pourl'avion français sont le Maroc et la Suisse. C'est maigre, alors queses prédécesseurs, les Mirage III et 2000, avaient été vendus à desdizaines de pays.
Plus que la concurrence entre les deux programmes Rafale et Eurofighter, «c'est l'offensive américaine qui pose de graves problèmes à l'industrie de défense européenne»,estiment les milieux de l'aéronautique. Les Etats-Unis ont en effetembarqué cinq pays européens (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Danemark,Norvège et Italie) dans le développement et le financement d'un nouvelappareil de combat, le F-35. «Sans garantie de transfert technologique et de retombées industrielles, ajoute un industriel français. C'est ainsi que l'Europe de la Défense progresse...»
Source: www.Liberation.fr