Jean Guisnel est journaliste français, il vient de publier aux éditions La Découverte une enquête intitulée Armes de corruption massive, secrets et combines des marchands de canons. Jean Guisnel revient sur l'échec à exporter en 2007 l'avion Rafale au Maroc.
C’est le 13 décembre 2005, lors d’une visite privée à Paris, que le roi du Maroc Mohammed VI évoque à l’Élysée, avec Jacques Chirac en personne, son intérêt pour des avions d’armes français. Mohammed VI les veut adaptés aux Forces Royales Air. Un an plus tard, quand le général Jean-Louis Georgelin, chef d’état-major des armées en France, revient d’une visite officielle au Maroc les 11 et 12 décembre 2006, il confirme à Paris l’intérêt de ses interlocuteurs pour l’achat d'avions Mirage 2000. Les responsables Marocains souhaiteraient vingt-quatre exemplaires.
Le projet de commande marocaine parvient à Dassault à un moment où l’arrêt de la production de Mirage 2000 neufs est programmé, la fermeture des chaînes étant prévue pour novembre 2007 avec la sortie du dernier appareil d’une commande grecque. Dassault avait dès lors choisi de concentrer tous ses efforts sur son appareil le plus moderne, le Rafale.
En 2006, les trois industriels du Team Rafale: Dassault Aviation, Thales et Snecma proposent au Maroc une autre solution : dix-huit Rafale, pour le prix de vingt-quatre Mirage 2000. Le gouvernement français, en la personne de Jean-Paul Panié, directeur des affaires internationales de la DGA (Délégation générale pour l’armement), propose un marché à 1,5 milliard d’euros. Mais les dirigeants du Team Rafale s'opposent au marché et affirment que le juste prix serait de 2,5 milliards d’euros. Finalement, ce sera quelque 2,1 milliards d’euros tout compris sauf l’armement.
Cette offre est formellement présentée à Rabat fin juin 2007. Six mois ont été nécessaires depuis la visite du général Georgelin à Rabat. Dans une interview accordé au Magazine en ligne Owni, Jean Guisnel explique ce retard par la difficulté à trouver des fonds pour financer le marché. Avec une dette extérieure de quelque 18 milliards de dollars, le Maroc ne dispose pas des ressources nécessaires pour acheter le Rafale. Guisnel ajoute: "Il fallait que Paris avance les fonds, même en le dissimulant par un pieux mensonge, maintes fois répété durant la campagne pour l’élection présidentielle française d’avril 2007 : certains émirs du Golfe honoreraient la facture.
Ce n’est que le 11 juillet 2007, après l’élection de Nicolas Sarkozy et sur sa décision personnelle, que la France proposera finalement de financer totalement (ou presque) l’achat des Rafale par le Maroc, avec des prêts remboursables sur de longues années à des conditions « amicales », qui n’ont pas été détaillées. L’offre repose classiquement sur des prêts bancaires cautionnés par la Coface, elle-même garantie par le Trésor public. La Délégation générale pour l’armement (DGA) profite de l’aubaine et ajoute une offre complémentaire portant sur des frégates et des hélicoptères EC725. La facture va grimper à 3 milliards d’euros.
C’est le 13 décembre 2005, lors d’une visite privée à Paris, que le roi du Maroc Mohammed VI évoque à l’Élysée, avec Jacques Chirac en personne, son intérêt pour des avions d’armes français. Mohammed VI les veut adaptés aux Forces Royales Air. Un an plus tard, quand le général Jean-Louis Georgelin, chef d’état-major des armées en France, revient d’une visite officielle au Maroc les 11 et 12 décembre 2006, il confirme à Paris l’intérêt de ses interlocuteurs pour l’achat d'avions Mirage 2000. Les responsables Marocains souhaiteraient vingt-quatre exemplaires.
Le projet de commande marocaine parvient à Dassault à un moment où l’arrêt de la production de Mirage 2000 neufs est programmé, la fermeture des chaînes étant prévue pour novembre 2007 avec la sortie du dernier appareil d’une commande grecque. Dassault avait dès lors choisi de concentrer tous ses efforts sur son appareil le plus moderne, le Rafale.
En 2006, les trois industriels du Team Rafale: Dassault Aviation, Thales et Snecma proposent au Maroc une autre solution : dix-huit Rafale, pour le prix de vingt-quatre Mirage 2000. Le gouvernement français, en la personne de Jean-Paul Panié, directeur des affaires internationales de la DGA (Délégation générale pour l’armement), propose un marché à 1,5 milliard d’euros. Mais les dirigeants du Team Rafale s'opposent au marché et affirment que le juste prix serait de 2,5 milliards d’euros. Finalement, ce sera quelque 2,1 milliards d’euros tout compris sauf l’armement.
Cette offre est formellement présentée à Rabat fin juin 2007. Six mois ont été nécessaires depuis la visite du général Georgelin à Rabat. Dans une interview accordé au Magazine en ligne Owni, Jean Guisnel explique ce retard par la difficulté à trouver des fonds pour financer le marché. Avec une dette extérieure de quelque 18 milliards de dollars, le Maroc ne dispose pas des ressources nécessaires pour acheter le Rafale. Guisnel ajoute: "Il fallait que Paris avance les fonds, même en le dissimulant par un pieux mensonge, maintes fois répété durant la campagne pour l’élection présidentielle française d’avril 2007 : certains émirs du Golfe honoreraient la facture.
Ce n’est que le 11 juillet 2007, après l’élection de Nicolas Sarkozy et sur sa décision personnelle, que la France proposera finalement de financer totalement (ou presque) l’achat des Rafale par le Maroc, avec des prêts remboursables sur de longues années à des conditions « amicales », qui n’ont pas été détaillées. L’offre repose classiquement sur des prêts bancaires cautionnés par la Coface, elle-même garantie par le Trésor public. La Délégation générale pour l’armement (DGA) profite de l’aubaine et ajoute une offre complémentaire portant sur des frégates et des hélicoptères EC725. La facture va grimper à 3 milliards d’euros.
Premier F-16 aux couleurs des FRA
"Visiblement très bien informés du processus décisionnel à Paris, les Américains ont présenté leur propre offre définitive à Rabat entre le 10 et le 14 juillet. L’acceptation française du crédit en faveur des Rafale est quant à elle annoncée fin juillet. C’est alors que le roi Mohammed VI tranche en faveur de la proposition américaine. Après cette date, les fils sont coupés : les interlocuteurs marocains des Français ne les prennent même plus au téléphone. Trop tard !"
Cet énième échec du Rafale à l'export a conduit à la création d’une “war room” à l’Elysée, une centrale de coordination des acteurs de l’armement, à l’image de ce qui se fait à la Maison Blanche, au Royaume-Uni ou en Allemagne.
Cet énième échec du Rafale à l'export a conduit à la création d’une “war room” à l’Elysée, une centrale de coordination des acteurs de l’armement, à l’image de ce qui se fait à la Maison Blanche, au Royaume-Uni ou en Allemagne.