"Une revue complète du programme A380 a mis en évidence un recalagenécessaire des livraisons prévues de six à sept mois, (...) qui devraitlimiter à 9 le nombre d'appareils livrés en 2007", contre 20 à 25initialement prévues, a indiqué l'avionneur européen dans un communiqué.
La maison mère d'Airbus, EADS, a prévenu dans la foulée que ces ratés de production lui coûteront très cher: 500 millions de benefice d'exploitation en moins par an entre 2007 et 2010.
"Par rapport au planning initial, une réduction du nombre de livraisonspouvant aller de cinq à sept appareils en 2008 et atteindre quelquescinq appareils en 2009 est à prévoir", précise l'avionneur, quicomptait à l'origine livrer environ 35 appareils en 2008 puis 45 en2009.
Airbus assure toutefois que son avion à double pont, d'une capacité de555 à 840 sièges, sera certifié en fin d'année et qu'un premierexemplaire sera livré avant 2007 à son premier client, SingaporeAirlines.
Mais la compagnie de lancement de l'appareil ne recevra qu'un seulavion à cette échéance au lieu des deux prévus à l'origine, indiquel'avionneur.
C'est la deuxième fois qu'Airbus retarde le calendrier de livraisons del'A380, déjà décalé de six mois par rapport au plan initial l'andernier.
"Ces nouveaux retards sont purement dus à des problèmes de production,non par des problèmes de certification ou de poids. Ils sontessentiellement dus à des difficultés pour la fabrication etl'installation des systèmes électriques", a expliqué à l'AFP ledirecteur commercial d'Airbus, John Leahy.
Selon M. Leahy, Airbus prévoit désormais de rattraper progressivement ce retard pour "atteindre une cadence de production de 4 avions par mois d'ici la fin de la décennie".
En attendant, "nous paierons des indemnités de retard aux clients",a-t-il ajouté, tout en refusant de donner de précisions chiffrées.
Une façon d'apaiser la colère grandissante de certains clients impatients de pouvoir exploiter le paquebot des airs, d'une valeur catalogue de près de 300 millions de dollars.
L'A380 a été commandé juqu'ici à 159 exemplaires par 16 compagnies aériennes.
La nouvelle tombe au plus mal pour Airbus, déjà occupé depuis plusieurssemaines à redessiner son futur avion long-courrier A350, critiqué parplusieurs clients. L'appareil, vendu à une centaine d'exemplaires,subit de plein fouet la concurrence du modèle rival de l'américainBoeing, le 787, qui connaît un franc succès auprès des compagnies aériennes.
Le retard de l'Airbus A380 ne devrait pas avoir d'impact sur le benefice d'exploitation d'EADS en 2006, prévu entre 3,2 et 3,4 milliards d'euros, mais devraitdiminuer celui-ci "d'environ 500 millions d'euros par an entre 2007 et2010" par rapport aux prévisions initiales du groupe européen d'aeronautique et de défense.
"Les éventuelles résiliations contractuelles n'ont pas été prises en compte dans cette estimation", ajoute-t-il.
EADS prévoit en outre un impact "inférieur à 300 millions d'euros" sur le flux de tresorerie en 2006 pour s'élever à plus d'un milliard d'euros en 2008 "avant de décroître fortement par la suite".
Ce manque à gagner est d'autant plus problématique que le groupe, quipossède 80% d'Airbus, doit prochainement racheter la part de 20% dubritannique BAE Systems dans l'avionneur, ce qui, selon les analystes, pourrait lui coûter entre 3,5 et 6,5 milliards d'euros.
Quelques semaines auparavant, le groupe européen a vu ses deux actionnaires de référence, Lagardère et DaimlerChrysler, réduire leur participation dans son capital. Juste avant que les déboires d'EADS ne commencent à s'accumuler.