Piacenza rend hommage aux pilotes du C130 d'Air Algérie


Par ELMOUDJAHID, le 15 Aout 2008


La ville italienne de Piacenza a rendu un vibrant  hommage hier aux trois hommes d'équipage de l'avion cargo d'Air Algérie  qui s'étaient sacrifiés, il y a deux ans, jour pour jour, en évitant que leur  appareil ne s'écrase sur une zone d'habitation.
Les autorités civiles de Piacenza, à leur tête le maire Roberto Reggi,  ont ainsi baptisé une place, située rue Via Marggioli, au nom du commandant  Mohammed Abdou, du pilote Mohamed-Tayeb Bederina et de l'officier mécanicien naviguant Mostefa Kadid, et érigé une stèle à leur mémoire.
M. Reggi, joint par l'APS, a exprimé la "reconnaissance de toute la  communauté de la ville aux pilotes" algériens.
L'équipage de l'Hercule C-130 du vol AH 2208 Alger-Frankfurt a "eu le  courage et le sang-froid nécessaires" pour conduire leur avion en difficulté  "vers le seul endroit où il pouvait ne pas faire de victimes", a-t-il rappelé.
En effet, d'après le récit de l'accident rapporté par la presse locale,  le commandant Abdou et le pilote Bederina, constatant l'avarie d'un des quatre  réacteurs de leur avion au-dessus de Piacenza, l'ont dirigé vers le seul espace non habité, coincé entre l'autoroute et l'un des quartiers les plus peuplés  de la périphérie de la ville, effleurant les toits de certains immeubles.
"Ils avaient refusé de sauter de l'appareil en perdition, préférant  donner leurs vies en sacrifice que vivre avec des morts sur la conscience, car  l'avion abandonné à lui-même aurait certainement causé des victimes en s'écrasant  sur cette région du sud de Milan densément peuplée", avaient commenté les médias.
Les Italiens ont le triste souvenir du crash le 6 décembre de 1990 d'un avion militaire, un Aermacchi MB 326, dont le pilote s'était éjecté, laissant  l'appareil s'écraser sur une école dans les environs de Bologne (Nord), faisant  12 victimes parmi les élèves et 74 blessés graves. Pour M. Reggi, "ce sont les valeurs humanitaires qui transparaissent  au travers de tels comportements qu'il faut retenir de l'accident".
C'est cet "humanisme" qui a poussé les pilotes algériens à sacrifier  leurs vies pour sauver celles des habitants innocents de Piacenza, a-t-il relevé  avec admiration.
De son côté, le P-DG d'Air Algérie, Abdelwahid Bouabdellah, a salué,  dans une allocution aux côtés du maire de Piacenza, le "dévouement et les grandes  qualités humaines" des pilotes algériens.         
"Nous nous recueillons à la mémoire de trois de nos meilleurs pilotes.  Ils sont chers à leurs parents et proches. Ils le sont à Air Algérie", a-t-il  dit.
Le P-DG d'Air Algérie a en outre déploré que, deux ans après l'accident,  ses causes ne soient pas encore connues et la disparition des pilotes algériens  "demeure un mystère pour tous".
"Nous tous, employeurs, parents et alliés, souhaitons que la lumière,  toute la lumière, soit faite sur ce drame", a-t-il insisté.
L'avion cargo de type Lockheed C-130 L-382, assurant le vol AH 2208 Alger-Frankfurt (Allemagne), s'était écrasé le 13 août 2006 à 18h15 GMT (19h 15  heure algérienne) à proximité de Piacenza, au sud de Milan.
L'équipage était en contact avec le contrôle aérien de Milan, mais la  liaison a été perdue pour des raisons inconnues alors que l'avion descendait  jusqu'à 13.500 pieds (4.100 mètres) et semblait tenter d'éviter un violent  orage qui enveloppait la région.
Quelques minutes avant l'accident, le pilote aurait signalé aux contrôleurs  une perte de puissance sur un ou plusieurs moteurs.
Mots clés : algerie tunisie

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