L'une des villes emblématique du Maroc, Essaouira, ne sera plus desservie par la Royal Air Maroc à l'international. Raison : la fin de la subvention de l'Etat à la RAM, via l'Office national marocain du tourisme, à cette destination prisée par les fans de la musique Gnawa.
Essaouira, ville chère au conseiller du Roi feu Hassan II et de son fils, André Azoulay, est au cœur d'une polémique entre la compagnie Royal Air Maroc et l'Office national marocain du tourisme (ONMT). La ligne aérienne Paris-Essaouira assurée jusque-là par la RAM vient d'être supprimée. A l'appui de raisons de rentabilité, la RAM vient de mettre fin à cette desserte qu'elle assurait trois fois par semaine. Essaouira, l'ex-ville portugaise de Mogador, attire les touristes, principalement lors du festival Gnawa où des milliers de mélomanes et de fans de cet art musical typiquement afro-maghrébin affluent vers cette cité, les pieds dans l'Océan atlantique. Selon un responsable de la RAM, la suppression sine dine de la subvention qu'accordait jusque là l'Office sur cette ligne. La compagnie, qui applique un drastique contrat-programme imposé par l'Etat, à l'appui d'un plan de restructuration, n'a pas le droit, en effet, de maintenir des lignes déficitaires. Au moins 17 dessertes non rentables ont été supprimées par la RAM qui a dû, en conséquence, envoyer à la retraite anticipée plus de 2.000 employés dans le cadre de son plan de restructuration en 2011.
Concurrence déloyale ?
''Nous avons gardé cette ligne, le temps de vérifier si sa suppression n’allait pas entraîner des perturbations. De plus, pour des considérations touristiques, nous n’avions pas voulu réduire les arrivées et enclaver la destination'', explique un responsable de la RAM, cité par L'Economiste. Il y a également une autre raison à la suppression de cette desserte. Transavia, filiale low cost du groupe Air France, est également sur ce créneau, avec, en plus, une subvention de l'ONMT. Transavia effectue deux vols par semaine vers Essaouira à partir d'Orly à des tarifs très attractifs, que la RAM, selon ses responsables, ne peut soutenir. ''Le vrai problème ne réside pas dans la compétition commerciale. Il intervient surtout dans un contexte où la compagnie française bénéficie de subventions de l’ONMT, mais pas la RAM'', indique L'Economiste, citant une source proche du PDG de la RAM, Driss Benhima. Pour les managers de la compagnie marocaine, "l’ouverture de cette ligne par une compagnie française, qui plus est subventionnée par un organisme marocain public, change la donne et aggrave le déficit de RAM sur cette liaison''. Pour le directeur général de l'ONMT, Abderrafie Zouiten, la décision de suppression de la subvention accordée à la RAM sur cette ligne d'Essaouira "au cas où elle serait prise, s’inscrit dans une logique de compétitivité commerciale entre deux compagnies, sans plus".
La RAM reprend de la hauteur
Après être passée par un contrat-programme imposé par l'Etat à un moment où elle était en difficultés financières, la RAM a réussi à redresser ses finances et enregistrer en 2013 ses premiers bénéfices post-restructuration. Fin juin dernier, la compagnie annonce un bénéfice net de 168 millions DH en 2013, et un résultat d’exploitation de 789 millions de DH, en hausse de 10%, et un chiffre d’affaires global de 13,38 milliards DH, dont 12,42 MDH dans l’activité transport. La RAM a dépassé "les objectifs fixés par le contrat-programme signé avec l’État en septembre 2011", précise un communiqué de la compagnie. Environ 6 millions de voyageurs ont été transportés par la RAM en 2013, en recul de 3% par rapport à 2012. Le secteur touristique a représenté 8,6 % du Produit intérieur brut (PIB) marocain en 2013, pour atteindre 9,5 milliards de dollars (77,13 milliards DH) et devrait augmenter de 8,1% en 2014, selon le rapport du Conseil mondial du voyage et du tourisme pour 2014.
Source:
Essaouira, au cœur d’une discorde entre la RAM et l'Office marocain du tourisme
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Essaouira, au cœur d’une discorde entre la RAM et l'Office marocain du tourisme