Après avoir attribué le marché pour la réalisation du nouvel aéroport Blaise Diagne de Diass au Groupe saoudien Ben Laden, l'Etat sénégalais était en négociation avec l'adjudicataire pour l'amener à revoir à la baisse sa proposition. Cette consultation a porté ses fruits puisque le constructeur, à en croire des sources qui ont eu accès au dossier, porte maintenant la proposition à 230 millions de dollars, environ 126 milliards 500 millions de francs, au lieu de 300 millions de dollars (165 milliards de francs environ). Alors que les termes du contrat de l'appel d'offres stipulaient que seul le moins disant serait retenu, et qu'une renégociation ne pouvait se faire qu'avec aussi le moins disant. Toujours est-il que Ben Laden est plus cher encore que Zakhem-Etat chinois. Le consortium, qui proposait 200 millions de dollars, 110 milliards de francs environ, a été laissé sur le tarmac. 'Ils ont arrêté les négociations qu'avec le Groupe Ben Laden. Seuls les Saoudiens ont été donc consultés. En plus les termes du cahier des charges ont été modifiés après coup pour faire un aéroport moins cher', soutient une source digne de foi.
Plus grave encore, on accuse, à tort ou à raison, certaines personnes tapies dans les lambris dorés du palais présidentiel de bénéficier de commissions estimées, avec la baisse de l'offre financière saoudienne, à 30 millions de dollars, près de 16 milliards 500 millions de francs. L'argent serait versé pour le compte d'une société à Dubaï dénommée Dawa, dont une personne influente du palais serait actionnaire. Le compte du bénéficiaire est logé à l'Agence Deira de la National Bank of Abu Dabi, selon des sources concordantes.
Le marché de l'aéroport international Blaise Diagne de Diass n'a pas donc pas encore révélé toutes ses facettes. Des facettes qui entament la transparence dans les marchés publics. Sous ce rapport, le président-directeur général de Jean Lefebvre Sénégal, Bara Tall, qui vient d'être élargi de prison, avait révélé, devant le juge, selon le journal Le Populaire, comment les marchés, notamment ceux de l'Anoci sont partagés par Karim Wade. Du véritable tong-tong. Le reste n'était que de la poudre aux yeux.
Le fait de vouloir ramener le Groupe Ben Laden à revoir sa copie était une autre façon de maquiller le marché de l'aéroport de Diass. A la limite, l'attitude de l'Etat sénégalais qui a mené des négociations avec les Saoudiens indispose plus les défenseurs de la bonne gouvernance et de la transparence dans les marchés publics.
Il faut rappeler que le consortium Zakhem/Etat chinois était sorti en tête de l'appel d'offres non seulement grâce à la viabilité technique de son offre, mais aussi puisqu'il était moins disant de près de 100 millions de dollars, soit 55 milliards de francs environ. En effet, quand le consortium proposait la réalisation du nouvel aéroport pour un montant de 200 millions de dollars (soit près de 110 milliards de francs Cfa), le groupe saoudien faisait une proposition de près de 300 millions de dollars (165 milliards de francs Cfa).
Il s'y ajoute que le consortium avait déjà mis sur la table quelque 180 millions de dollars (près de 100 milliards de francs) correspondant au financement de 90 % du projet, alors que le Groupe Ben Laden n'avait pu boucler son financement et ne pouvait mettre sur la table, dans l'immédiat, que 80 millions de dollars (environ 44 milliards de francs) sur les 300 demandés. Sous cet angle, il apparaît désormais que cet appel d'offres a été conduit en totale illégalité.